Pour toujours

Pour toujours

Je revis tous les jours cet instant, celui où tu as fermé tes magnifiques yeux en amandes pour toujours, ce dernier regard, ce dernier souffle.

Lorsque je t’ai posée délicatement sur le lit, pour toujours.

Lorsque je me suis retournée, hésitante à te laisser là, sachant que plus jamais je ne toucherai ta peau si délicate ni tes cheveux si doux.

Ton sourire s’était effacé, tes fossettes disparues à jamais.

Le temps passe mais la douleur, cette douleur que je ressens dans ma poitrine, comme si mon coeur se déchirait encore et encore reste la même. Ces images reviennent encore et encore.

Comment puis-je vivre sans toi ? C’est pourtant toi, ta force et ton courage qui me donne la force d’avancer. C’est Lana et Raphaël qui m’aide à me lever et à continuer.

Je me surprends parfois à mettre la table pour 4, à regarder dans mon rétroviseur comme si je m’attendais à t’y voir. Là assise dans ton siège, ton poing fermé afin d’en faire un micro et t’entendre chanter sur ces chansons que j’écoute encore.

Et pourtant tu n’est plus là je le sais bien.

Le printemps qui t’émerveillait est là. Le cerisier avec ses fleurs blanches me fais sourire car tu disais : On dirait du pop- corn maman !
Tes amis jouent dehors, juste là dans le quartier, mais toi tu n’es pas là. Certains petits me disent qu’ils se souviennent bien de toi. Que tu es là-haut.

Les fêtes de Pâques où les enfants cherchent leur nid, sans toi.

Une réunion de famille. Tout le monde est réuni mais toi tu n’es pas là. Ce fut une épreuve bien difficile….

Oh que j’essaie d’être forte ça oui. Mais c’est bien difficile parfois. Pourtant je n’aime pas me plaindre. J’ai toujours détesté les gens qui se plaignent et qui s’apitoient sur leur sort.

Alors je prends sur moi, j’affiche un sourire et je contrôle mes émotions pour ne pas laisser échapper cette larme au coin de mes yeux. Et de toute façon pleurer devant les gens ça va changer quoi ? Dans la majorité des cas les personnes en face seront gênées, mal à l’aise, le froid sera installé et je devrai trouver le moyen de me contrôler de toute façon. Parce que si je ne maîtrise pas mes émotions, mes larmes, je vais craquer. Mais craquer comme lorsque je suis seule, souvent le soir ou la journée lorsque la maison est si vide. Et dans ce cas je ne sais jamais combien de temps ça va durer. Alors autant rester maître de moi dès le départ.

A choisir, je préfère de loin passer pour une « sans cœur » ou pour une « forte ».

J’aurai aimé pouvoir râler de devoir me lever encore et encore la nuit pour toi.
J’aurai aimé te gronder car tu mangeais encore du chocolat avant le repas.
J’aurai aimé te voir grandir et devenir une jeune fille.
J’aurai aimé te conduire à ses nombreux contrôles de routine à l’hôpital que tu aurais eu si le crabe t’avait lâchée.
J’aurai aimé courir les magasins afin de t’acheter de nouvelles chaussures et non chercher quelles fleurs ou décoration iront le mieux pour ta tombe.
J’aurai aimé entendre ta petite voix qui m’appelle et ce rire résonner dans la maison.
J’aurai aimé encore rire de t’entendre rire.

Deux heures, deux mois deux ans, qu’importe la date ou le temps qui passe, le vide que tu as laissé ne sera jamais comblé, ni pas par quoi que ce soit, ni par quiconque.

Plus les jours passent, plus je m’éloigne de toi.
Où peut-être que non finalement. Plus le temps passe, plus je me rapproche du jour où nous nous retrouverons ? Qui sait ….

Toi mon bébé, ma petite Zoé, que j’ai été fière de te donner la vie et de t’accompagner sur ce chemin si court mais si intense. J’ai profité, savouré chaque instant avec toi. Chaque nuit passée auprès de toi à te veiller, à te réconforter, à l’hôpital ou à la maison, ont été des heures supplémentaires à tes côtés.

Si tu voyais comme le monde bouge depuis ton départ. Tu serais fière de tout ce qui est en train de se passer dans ce monde du cancer, dans ce monde de l’hôpital. Et c’est grâce à toi.

Lana nous rappelle régulièrement la promesse que nous t’avons faite, celle de continuer à rire. Mais crois-moi ce n’est pas toujours chose facile.

Il me reste des photos, des vidéos, des souvenirs, des émotions et surtout cette magnifique leçon que tu m’as enseignée : savourer chaque instant de la vie et profiter des gens que nous aimons tant qu’ils sont à nos côtés.

Merci, ma petite Zoé, ma fille de 4 ans pour toujours, pour tout ce que nous a apporté et nous apporte encore aujourd’hui.

Tu es, et resteras là où rien ni personne ne peut et ne pourra t’enlever: dans mon coeur, pour toujours.

Ta maman pour toujours

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